Honorons nos illusions!
Ça toque à ma fenêtre, ça sent le blessé. J'accours et je vois ce merle d'amérique qui s'y bute à répétition: toc, toc, re-toc... Il est visiblement essoufflé, le bec semi-ouvert, les plume ébouriffées. Dans sa gorge, je goûte le sang. Et pourtant, il ne peut s'empêcher de recommencer.
Je fais quelques recherches et apprends qu'au printemps, les mâles peuvent attaquer leur propre reflet dans les miroirs, croyant qu'il s'agit de rivaux sur leur territoire. Ils attaquent l'illusion d'eux-mêmes, s'épuisant par peur ou par colère, allons savoir.
Que nous apprend ce merle entêté qui se blesse à l'ignorance de ce qu'il n'est pas?
Ne nous méprenons pas sur ce que nous sommes, honorons toutes nos illusions comme telles, gardons nos fenêtres grandes ouvertes, soyons le printemps!
Avec amour,
Mireille