Sur l'insatisfaction corporelle

Sur l'insatisfaction corporelle

Sur l’insatisfaction corporelle

Ce texte s’adresse à toi qui hésites à porter des manches courtes, car tu n’aimes pas la forme de tes bras. À toi qui refuses de montrer tes jambes, car tes cuisses te rebutent. Également à toi, accablé de chaleur à côté d’une piscine fréquentée, car le port du maillot en public est devenu une épreuve olympique à laquelle tu as renoncé.

De cet espace où nous sommes Un, je te vois. Je vois ces pensées qui te traversent et qui dévalorisent jour après jour ton apparence physique. Je vois le dégoût, le mépris, la haine de soi qui émergent de ton cœur, alors que s’érigent autour de toi des croyances limitantes t’enfermant dans une cage d’interdits. Interdit de consommer du sucre mais comme tu n’en peux plus, tu succombes. Interdit de rester inactif mais comme tu te détestes, tu paralyses. Interdit d’être joyeux trop longtemps car tu crois que la joie attire le malheur. Interdit de t’aimer car tu projettes en toi une sentence à vie à purger.

De cet espace où nous sommes Un, je t’entends. J’entends ton cœur affligé du poids de tes préoccupations corporelles et de tes comparaisons avec les corps d’autrui. J’entends chaque cellule de ton corps qui pleure du manque d’amour puisque tu le détestes. J’entends aussi ton incapacité actuelle à lui prodiguer cet amour qu’il réclame haut et fort à coups de régimes amaigrissants, d’exercice physique ou de rages alimentaires.

De cet espace à la fois impersonnel et pourtant si personnel, il me vient pour toi ces quelques paroles. Présentement, tu ne peux pas aimer ton corps car tes yeux sont chargés de croyances qui en déforment la vision. Tu crois savoir ce qui est beau et ce qui est laid ; c’est un leurre. Dans l’absolu, il n’y a ni beau ni laid, ce sont là des inventions du mental. Les critères de beauté changent d’une époque à l’autre, d’une société à l’autre et d’une personne à l’autre. Tu crois que les gens autour se préoccupent de ton poids ; ce n’est là que la projection de ton propre regard. Tes amis, ta famille, ceux que tu aimes et que tu chéris te le rendent le plus souvent au centuple, sans égard à tes formes corporelles. Tu crois que la minceur mène à l’amour de soi ; c’est une illusion! Apprendre à s’aimer s’acquiert autrement, dans une démarche engagée et en embrassant les parties ombragées de soi-même.  

Si tu regardais ton corps avec les yeux neufs de l’enfant? Si tu allais à sa découverte comme on explore une nouvelle terre, sans a priori, sans comparatif? Et si tu n’avais pas appris tous ces critères de beauté? Y verrais-tu ce merveilleux avatar qui te transporte et qui te permet d’expérimenter cette Vie à ta manière? Le découvrirais-tu comme l’enfant qui s’émerveille devant un pissenlit, avant qu’on lui enseigne qu’il s’agit d’une vilaine fleur? Le regarderais-tu comme on observe la merveille d’une araignée et de sa toile, avant d’apprendre à la craindre? Quel humain et quelle technologie pourraient reproduire tant de beauté, tant d’agilité, tant de fluidité? 

Notre corps est un merveilleux passage de reconnexion avec le Divin que nous sommes. Lorsque les perceptions s’affinent, il est possible de sentir un trou noir au cœur de chacune de nos cellules. Y faire le saut de l’ange, c’est découvrir un vide plein et cotonneux. L’Infini de nous est sans limite, sans forme et sans nom! Tourner le regard vers cet Infini, c’est découvrir le grand Soi qui s’expérimente à travers chacun de nous!  Il s’agit d’un espace de permanence qui accueille inconditionnellement TOUT ce qui le traverse. Il est là, l’Amour véritable, l’Amour Divin, l’Amour de Soi!    

D’un cœur aimant,

Mireille