Sur nos orgueils

Sur nos orgueils

Sur nos orgueils

Nous pouvons aisément nous identifier à nos occupations, nos valeurs et nos réalisations. Ceci est fort louable et émane de notre bonne volonté. Nous glorifions une position, un intérêt ou un talent correspondant à ce que nous aimons expérimenter. À titre d’exemple, certains valoriseront le fait « d’être spirituel », « d’être sportif » ou « d’être familial ». Lorsque l’identification à ces aspects de notre expérimentation est très enracinée dans nos croyances sur ce qui est « bien », il nous arrive même de croire : « Moi, j’ai les bonnes valeurs ». Voilà l’origine de multiples jugements sur soi et sur autrui qui surviennent lorsque l’idéal du mental ne correspond pas à ce qui se manifeste dans le réel.

Posons-nous la question suivante : d’un point de vue universel, sur quelles fondations pourrions-nous prétendre à la primauté d’une valeur, d’une activité ou d’un talent en particulier? Ainsi, la vitesse à la course constitue un défi vital pour certains: serait-ce à dire que le guépard est généralement supérieur à l’homme? Pour d’autres, le fait d’être spirituel et conscient est considéré comme une manne : pouvons-nous davantage affirmer la supériorité d’un grand maître comparativement à un rocher?

La Source que nous sommes, venue s’expérimenter au travers de chaque être (qu’il soit insecte, végétal, animal, humain, minéral, matériel, immatériel, etc.) n’en a que faire. Elle Est, tout simplement. Ce sont nos conditionnements sur ce qui est grand, petit, beau, laid, qui donnent l’illusion d’un rang. Rappelez-vous l’enfant que vous étiez, celui qui cueillait des pissenlits pour sa maman. Elles étaient magnifiques, ces fleurs ; le sont-elles toujours? Il n’y a pas de classement qui tienne. Le caillou n’est en rien supérieur ou inférieur à l’humain. Il Est, tout comme nous, une manifestation de la Source.

Je rencontre régulièrement des gens qui me demandent de les accompagner afin que s’assouplisse en eux l’orgueil d’être conscient. L’objet de fierté se situe la plupart du temps dans les efforts donnés (lectures, méditation, discipline) et dans le fait d’avoir « les bonnes valeurs », c’est-à-dire de prôner la conscience et le cheminement personnel depuis de longues années. Il me vient alors de leur rappeler l’aspect suivant. Sous une illusion de libre arbitre, la Source se manifeste en nous d’une façon telle que nous n’avons pas le choix d’être qui nous sommes, ce qui comporte nos valeurs, nos capacités, nos priorités, nos aptitudes à l’effort, à la persévérance et au changement. Le cœur de l’homme ne peut se vanter de battre car il est fait pour cela!

Bien sûr que nous travaillons, bien sûr que nous nous investissons! Lorsque nous sommes libres de nos conditionnements, notre choix émane de la Source qui s’exprime à travers nous. Ce « non-choix » nous rend joyeux car nous réalisons alors le souhait le plus profond de notre âme : la visée de cette incarnation!

Si vous êtes apte à l’effort, à la poursuite d’un rêve, d’un objectif ; si vous êtes mentalement équilibré ; si vous portez des talents, si vous les avez développés… Rendez grâce de cette expérience qui vous comble tout en conservant l’émerveillement de l’enfant devant la beauté non conditionnée! Ce que nous incarnons et manifestons est au-delà de toute illusion!